Quino reçut au ministère argentin de la Culture pour les 50 ans de Mafalda (2014). Crédit: Ministerio de

Culturad de la Nación (CC BY-SA 2.0)

Le personnage de Mafalda durant les dictatures argentines

Le personnage de Mafalda fut créé en 1964 par le dessinateur argentin Joaquín Salvador Lavado Tejón, plus connu sous le nom de Quino. Petite fille espiègle âgée de 6 ans vivant à Buenos Aires en compagnie de ses parents, son personnage est mondialement connu pour ses critiques acerbes et pleines d’humour sur la réalité sociale dans laquelle elle vit et…
21 novembre 2022

Quino reçut au ministère argentin de la Culture pour les 50 ans de Mafalda (2014). Crédit: Ministerio de

Culturad de la Nación (CC BY-SA 2.0)

Le personnage de Mafalda fut créé en 1964 par le dessinateur argentin Joaquín Salvador Lavado Tejón, né à Mendoza (Argentine) le 17 juillet 1932, plus connu sous le nom de Quino. Petite fille espiègle âgée de 6 ans vivant à Buenos Aires en compagnie de ses parents, son personnage est mondialement connu pour ses critiques acerbes et pleines d’humour sur la réalité sociale dans laquelle elle vit et sur les évènements politiques à travers le monde. Teintées d’innocence et de lucidité, les questions qu’elle pose à ses parents et jeunes amis traduisaient in fine les réflexions et dénonciations latentes que Quino avait sur son époque.

L’année 1973 marque un tournant dans sa carrière de dessinateur car, le 25 juin, il prit la surprenante décision de ne plus dessiner Mafalda, pourtant au plus fort de sa popularité, pour se consacrer à de nouvelles formes narratives de bandes dessinées1. En 1976, Quino s’exile en Italie pour fuir la dictature argentine. Toutefois, de par l’engouement international pour son personnage, les aventures de Mafalda continueront jusqu’à ce jour à faire l’objet de très nombreuses éditions de livres et republications dans divers hebdomadaires et revues à travers le monde.

Le fait que Mafalda n’aimait pas la soupe était en réalité une métaphore pour dénoncer la dictature argentine

Les lecteurs de Mafalda connaissent son aversion à manger de la soupe. Comme il l’a confirmé lors d’une interview2 pour les 50 ans de Mafalda, Quino précisa que le fait que Mafalda n’aimait pas la soupe était en réalité une métaphore pour dénoncer la dictature argentine. Fruit d’une récurrence historique de coup d’État militaire qui commença dès 19303, la dernière dictature argentine s’étala de 1976 à 1983 ; elle est née dans le contexte de la guerre froide. Elle prend racine dans les années cinquante et soixante avec une répression à l’égard des personnes estampillées comme communistes mais surtout contre les partisans du péronisme, mouvement de justice sociale4 créé en 1945 sous l’impulsion de l’officier Juan Domingo Perón qui sera élu Président de la République à deux reprises entre 1946 et 1955.

Après avoir renversé Perón en 1955, la junte militaire suscitera l’appui logistique des États-Unis d’Amérique dans les années 60 et la compétence d’instructeurs français, anciens membres de l’OAS condamnés en France, pour dispenser les techniques de guerre contre révolutionnaire5. Elle renversera encore deux Présidents durant la décennie, à savoir Arturo Frondizi le 29 mars 1962 et Arturo Umberto Illia le 28 juin 1966. La période 1966-1973 témoigne d’une période trouble avec une tentative d’éradication des péronistes exercée par la junte qui se manifesta avec les disparitions d’opposants.

Station de métro Catedral (Buenos Aires). Crédit Photo Antonio Vázquez (CC BY-NC-SA 2.0)

Le mouvement péroniste comptait des sympathisants et membres actifs dans toutes les strates de la population argentine6. Malgré son interdiction officielle entre 1955 et 1973, le mouvement remporta à nouveau les élections en 1973 avec une troisième mandature de Juan Perón, de retour après 17 ans d’exil, qui sera Président de la République du 12 octobre jusqu’à sa mort le 1er juillet 1974. Son épouse Isabel Perón assura un intérim durant 2 années mais elle sera évincée du pouvoir par un énième coup d’État militaire orchestré par Jorge Rafael Videla le 24 mars 1976. Année que choisit Quino pour s’exiler à Milan avec son épouse Alicia Colombo7.

Avec le coup d’État militaire de 1976, la lutte dite « anti subversive » exercée par la junte militaire argentine ne se manifesta pas uniquement par des arrestations, tortures ou disparitions d’opposants communistes et péronistes mais également contre toute forme de contestation de l’ordre établi et par conséquent l’expression culturelle et artistique était également étroitement surveillée car elle pouvait potentiellement véhiculer des idées politiques.

Le 4 juillet 1976, cinq prêtres pallotins sont sauvagement assassinés à Buenos Aires, on retrouvera sur le corps de l’une des victimes une affichette représentant un dessin célèbre de Mafalda en train de critiquer la batte d’un policier. Le prêtre assassiné appréciait la bande dessinée de Mafalda. Après enquête, ce drame s’est avéré être une vengeance à l’égard des cinq religieux ; la mise en scène photographique de ce crime avec la mise en exergue d’un dessin de Mafalda sur le corps de l’un des prêtres ne sera connue par Quino que bien des années plus tard8. Durant la dernière dictature argentine, on chiffre à près de 30 000 le nombre de personnes disparues et identifiées comme appartenant à la gauche péroniste9.

Mafalda : historia social y política, Isabella Cosse

Les aventures de Mafalda ont donc été essentiellement écrites dans un climat de fortes tensions politiques et sociales en Argentine, entre 1964 et 1973, qui seront les prémices de la dictature de 1976 mais également des tensions politiques dans l’ensemble des pays du Cône Sud qui sera en proie10 durant les années 70 à ce que l’on a nommé « la guerre sale »11 et la mise en place de l’opération Condor12. Par ailleurs, la guerre du Vietnam sévissait depuis plusieurs années déjà en Asie. Conflit qui sera, avec le combat contre la progression du communisme, plusieurs fois cité dans les aventures de Mafalda13.

« Mafalda était considérée par les autorités de l’époque comme une bande dessinée pour enfants »

Suite au coup d’État militaire de juin 1966, le général Juan Carlos Onganía a dissout l’intégralité des partis politiques, saccagé les universités le 29 juillet après la nuit des Longs Bâtons et instauré la censure14. Durant cette période, Quino critiqua les évènements de l’actualité internationale mais la dictature argentine était dénoncée en filigrane via l’innocence et la naïveté des questions posées par Mafalda. Le caractère ingénu de son personnage lui a permis de s’échapper, du moins en Argentine, de ces éventuels censeurs. Les thématiques abordées dans cette bande dessinée de Quino étaient somme toute universelles, elles touchèrent ainsi un public extra frontalier qui se sentait concerné par elles : la guerre du Vietnam, la paix, le désarmement nucléaire, le racisme, la pauvreté et la famine, l’égalité, les Beatles ou bien la jeunesse à travers le décalage générationnel entre les adultes et Mafalda avec sa bande d’amis15.

La renommée et le succès des dialogues de Mafalda essaimèrent dans toute l’Amérique latine. De par le caractère politique des questions posées par le personnage de Mafalda, Quino fera l’objet de diverses censures, en Bolivie, Brésil et Chili. Au Paraguay, la bande dessinée de Mafalda représentait une bouffée d’oxygène à une époque où la liberté d’expression était muselée confièrent d’actuels journalistes et dessinateurs paraguayens16.  « Mafalda était considérée par les autorités de l’époque comme une bande dessinée pour enfants » précisa le journaliste Antonio Pecci. « Mafalda n’est pas une bande dessinée pour enfant » ajoute-il17. Au Chili, les dessins d’humour de Quino faisaient l’objet de censure hormis Mafalda, jusqu’à l’arrivé au pouvoir du Général Pinochet qui l’a interdite, la bande dessinée ne « vécut » que trois jours18.

Quino dans les années 70. MARKA/Alamy

Le chercheur argentin Jorge B. Rivera précise dans son ouvrage Panorama de la bande dessinée argentine 19 que durant les années 60 la bande dessinée acquiert une reconnaissance académique et institutionnelle au niveau international avec la création en 1964 en France de la Société civile d’études et de recherches des littératures dessinées (Socerlid) et le Congrès International de la Bande dessinée à Bordighera en 1965. J.B. Rivera ajoute que cette reconnaissance n’était pas cantonnée au monde académique, à ses yeux certaines productions « internes » atteignaient déjà un degré de maturité et de raffinement narratifs qui jusque-là étaient assez rares. Deux productions argentines répondaient à ce critère : Mort Cinder de Oesterheld/Breccia et… Mafalda de Quino20. Les qualités narratives de Quino, ses connaissances de la géopolitique internationale, son esprit de synthèse, son empathie et son humour lui confèrent un statut de génie artistique, même si Mafalda demeure presque une exception populaire dans l’ensemble de son œuvre21.

Crédit Yutaka Seki

Le strip puis la bande dessinée de Mafalda ont constitué un support dans lequel nombre de sud-américains se sont identifiés avant, durant et après la dernière dictature argentine. Son impact a perduré bien au-delà de l’arrêt définitif de la bande dessinée en 1973, marquant ainsi plusieurs générations de lecteurs et de lectrices. Cet impact ira même jusqu’à atteindre le « camp adverse » en 1977. En effet, durant cette année, Daniel Jorge Divinski, le fondateur des éditions de la fleur, la maison d’Edition créée en 1970 qui publiait les aventures de Mafalda, fut emprisonné quatre mois par le gouvernement militaire suite à une de leur publication jugée comme subversive22. L’un des geôliers de la prison de Caseros pensant à tort qu’il était le dessinateur de Mafalda lui demanda discrètement : « Chef, après l’inspection, ne me dessineriez-vous pas une petite Mafaldita pour les enfants ? »23. Nous savons, d’après Divinski, que les livres de Mafalda ont continué à se vendre durant toute la période dictatoriale24. En 1982, la Direction nationale du droit d’auteur confirma la création d’une nouvelle édition de Mafalda, ce qui corroborait le relai vers une nouvelle génération de lecteurs25.

En 1973, un jeune uruguayen du nom Daniel Rey Piuma, lecteur de Mafalda, a infiltré les services secrets de la marine uruguayenne sous le pseudonyme de Felipe, un des personnages et ami naïf de Mafalda. Durant cette infiltration, il a secrètement photographié les centres où étaient torturés les militants politiques par l’armée uruguayenne. Il a conservé et caché les négatifs qu’il a remis plus tard à la Cour interaméricaine des droits de l’Homme26. Enfin, un autre exemple qui illustre cette transmission générationnelle est celui d’une lectrice de la bande dessinée qui en 1980 alors qu’elle était enceinte de sa fille avait tricoté une poupée chiffon de Mafalda qu’elle plaça dans le futur berceau. Après la naissance de sa fille, cette dernière garda un amour pour le personnage tout au long de sa vie d’enfant et d’adulte27. Mafalda représenta une madeleine de Proust pour différentes générations, un souvenir d’enfance propre au contexte tumultueux des différentes dictatures en Amérique du sud ou à contrario à de joyeux moments familiaux et amicaux.

le général Franco obligea les éditeurs à apposer la mention « pour adultes » sur la couverture du premier livre de Mafalda

Les parents de Quino étaient des espagnols originaires d’Andalousie, ils ont émigré en Argentine dans les années 30. Lorsque le général Franco était au pouvoir, il obligea les éditeurs à apposer la mention « Pour adultes » sur la couverture du premier livre de Mafalda28. Ce qui peut expliquer la raison pour laquelle Quino n’avait pas choisi la terre de ses parents pour s’exiler avant 1975, année de la mort de Franco. Il a néanmoins toujours gardé un vif intérêt pour ses racines espagnoles. C’est en 1977, à l’âge de 45 ans, qu’il demanda la double nationalité espagnole au consulat de Milan mais face à l’incrédulité du fonctionnaire administratif étonné par sa demande tardive il renoncera dans un premier temps. Il réitéra sa demande en 1990 à Madrid où il obtiendra gain de cause face aux tribunaux espagnols à l’âge canonique de 57 ans29.

Le 25 mai 2014, Quino reçoit à Oviedo, en Espagne, le prestigieux Prix Prince des Asturies des mains du Roi Felipe VI. Lors d’un dîner en ville avec ses amis, peu de temps avant de recevoir cette distinction, l’un des invités demanda en aparté à Quino ce que serait devenue aujourd’hui Mafalda cette petite si fille sage. Quino répondit qu’elle serait probablement morte car elle aurait été l’une des personnes disparues durant la dictature militaire argentine30.

Quino reçut au ministère argentin de la Culture pour les 50 ans de Mafalda. Crédit : Ministerio de Cultura
de la Nación (CC BY-SA 2.0)

Concernant les raisons de l’arrêt de Mafalda, il y avait notamment le rythme effréné et le grand nombre des tirages quotidiens de l’époque qui ont sans doute mis Quino sous pression. Il répondit en 2014 dans une interview pour le journal Le Monde qu’il avait connu une forme de monotonie quotidienne dans ce travail créatif et craignait également que le public finisse par lire la bande dessinée uniquement par habitude. Il déplora également que la situation qu’il critiquait en 1973 soit la même, voir pire de nos jours31. Quino est décédé le 30 septembre 2020 d’un accident vasculaire cérébral, trois ans après la mort de son épouse Alicia et 56 années presque jour pour jour après la première publication de Mafalda dans le magazine Primera Plana en 1964.

Ce qui était en 1963 une bande dessinée, dont le nom du personnage central commençait par la lettre M, destinée à une publicité cachée (finalement abandonnée) pour la marque d’électro-ménager Mansfield 32 s’est transformée par la suite comme la bande dessinée en langue espagnole la plus traduite au monde33. Les thèmes que Quino a abordé avec humour dans Mafalda gardent aujourd’hui toute leurs pertinences, laissant ainsi à plusieurs générations de lecteurs le témoignage d’une époque à la fois dramatique, combative et pleine de créativité.

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Notes


1 Biographie sur le site officiel de Quino : « El gran éxito y fama internacional no impedirán que Quino, el 25 de junio 1973, tome una decisión para algunos desconcertante : no dibujar más tiras de Mafalda, pues ya no siente la necesidad de utilizar la estructura expresiva de las tiras en secuencia. »
https://www.quino.com.ar/biografia

2 Interview de Quino par Euronews en 2014 : https://www.youtube.com/watch?v=lqcgHtPDg-M

3 « La dernière dictature argentine (1976-1983) : La conception du terrorisme d’État » de Maria Soledad Catoggio, Science Po. https://www.sciencespo.fr/mass-violence-war-massacre-resistance/fr/document/la-derniare-dictature-militaire-argentine-1976-1983-la-conception-du-terrorisme-da-tat.html

4 « La première caractéristique du mouvement péroniste réside dans son ambition de trouver une troisième voie dans cette guerre froide naissante entre le camp des démocraties libérales et celui du monde communiste. » Pascal Madonna, « Le péronisme : du coup d’État militaire au justicialisme », Diacronie, N° 24, 4, 2015, https://journals.openedition.org/diacronie/3655

5 « La dernière dictature argentine (1976-1983) : La conception du terrorisme d’État » de Maria Soledad Catoggio, Science Po.

6 « Le péronisme ne dispose d’aucune « pureté » dans sa base sociale. S’il se définit en premier lieu dans son rapport à la figure populaire, que l’on réduit a priori à une position située au bas de l’échelle sociale, comment expliquer alors les appuis qu’il réunit au sein d’autres secteurs, ouvriers et non ouvriers, « objectivement » situés dans les classes moyennes ou supérieures ? », Ania TIZZANI, Cairn.Info
https://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2007-1-page-175.htm

7 « Quino se casó en 1960 con Alicia Colombo y no tuvieron hijos. En 1976, por fuerza de un golpe militar en Argentina, ambos se exiliaron en la ciudad italiana de Milán ». Mi Buenos Aires querido
https://mibuenosairesquerido.com/es/personalidades-argentinas/quino-mafalda/

8 Extrait de l’ouvrage « Mafalda : historia social y política » de l’universitaire uruguayenne Isabella Cosse, Le monde diplomatique. https://www.eldiplo.org/notas-web/mafalda-historia-social-y-politica/

9 ¿Qué es exactamente el peronismo? Héctor Barbotta, Diarosur,
https://www.diariosur.es/internacional/america-latina/exactamente-peronismo-20191210220129-nt.html

10 « …l’Uruguay tombe aux mains des militaires suite au coup d’État du 27 juin 1973, le Chili bascule le 11 septembre 1973, et l’Argentine, le 24 mars 1976. Durant plusieurs années ou décennies, ces trois pays sont dirigés par un groupe de militaires conservateurs. ». Mémoire des luttes contre les dictatures du Cône Sud (Argentine, Chili et Uruguay) dans le cinéma documentaire contemporain, Olivier Hadouchi, https://journals.openedition.org/orda/2412

11 « A partir du début des années 1970, les États-Unis ont soutenu des gouvernements de droite en Amérique du Sud pour lutter contre l’expansion du communisme et pour contenir l’influence soviétique ». La Guerre sale, Tribune de Genève
https://www.tdg.ch/monde/guerre-sale-usa-declassifier-documents/story/11931486

12 Ibid : « Elle pourrait également renseigner sur le rôle de Washington dans «l’ opération condor», nom donné à la campagne d’assassinats et de lutte anti-guérilla dans plusieurs pays d’Amérique latine visant notamment communistes et dissidents politiques.

13 Mafalda todas las tiras, Quino, Edition Lumen, décembre 2021 : p33 et 34. Voir également annotation n°15 du présent article.

14 Las dos Argentinas lloran a la vez, Enric González, El Pais https://elpais.com/cultura/2020-09-30/las-dos-argentinas-lloran-a-la-vez.html

15 Mafalda todas las tiras, Quino, Edition Lumen, décembre 2021. Pour chacune des thématiques citées dans l’ordre : p19 à 21, p46, p133, p51, p93 et p150, p138, p16 et p144.

16 Antonio Pecci et Mario Casartelli pour le journal Ultima Hora https://www.ultimahora.com/mafalda-la-nina-que-burlo-la-censura-la-dictadura-n834016.html

17 Ibid

18 Interview télévisée de Quino https://www.elmostrador.cl/noticias/multimedia/2020/09/30/el-trabajo-del-fallecido-quino-durante-la-dictadura-chilena-mafalda-cuando-se-empezo-a-publicar-en-chile-pinochet-la-prohibio-salio-3-dias-nada-mas/

19 Panorama de la historieta en la Argentina, Buenos Aires, Libros del Quirquincho, 1992, Page 57 : https://issuu.com/superpibaar/docs/jorge_b_rivera_-_panorama_de_la_historieta

20 Ibid


21 El superyó de una generación, María José Santacreu, Brecha https://web.archive.org/web/20210308021148/https://brecha.com.uy/el-superyo-de-una-generacion/

22 Tosi, Carolina (2016). « Semblanza de Daniel Jorge Divinsky (1942-) ». En Biblioteca Virtual Miguel de Cervantes – Portal Editores y Editoriales Iberoamericanos (siglos XIX-XXI) – EDI-RED : http://www.cervantesvirtual.com/nd/ark:/59851/bmcpk2b0

23 Extrait de l’ouvrage « Mafalda : historia social y política » de l’universitaire uruguayenne Isabella Cosse, Le monde diplomatique.

24 « En diciembre de 1973, dejó de publicarse en el diario Río Negro y en febrero de 1974 en el Córdoba. Pero habrían seguido vendiéndose los libros –según Daniel Divinsky, durante toda la etapa dictatorial ». Perfil, 20 octobre 2014, https://www.perfil.com/noticias/domingo/la-mafalda-militante-1019-0046.phtml

25 Ibid : « El informe de la Dirección Nacional del Derecho de Autor, en 1982, consignó una nueva edición. No hay dudas : Mafalda pasó de una generación a otra en lecturas resignificadas ».

26 Ibid.

27 Ibid : « una lectora recuerda que cuando estaba embarazada, en 1980, decidió hacerle a su hija una Mafalda de trapo y la colocó en su cuna antes de que naciera. La niña conservó la muñeca e hizo suya la admiración por el personaje, cuya figura acompaña sus correos electrónicos al pie de su firma ».

28 Ignacio de los Reyes, BBC Mundo, Buenos Aires. https://www.bbc.com/mundo/noticias-54362735

29 Muere Quino, creador de Mafalda y el dibujante más internacional del idioma español, Álex Grijelmo, El Pais, 30 sept 2020. https://elpais.com/cultura/2020-09-30/fallece-quino-creador-de-mafalda-y-el-dibujante-mas-internacional-del-idioma-espanol.html

30 Ibid

31 Quino, papa désabusé de Mafalda, une gamine de 50 ans, Frédéric Potet, Le Monde, 30 janvier 2014. https://www.lemonde.fr/livres/article/2014/01/30/quino-papa-desabuse-de-mafalda-une-gamine-de-50-ans_4357316_3260.html

32 El superyó de una generación, María José Santacreu, Brecha

33 « Ha fallecido el humorista gráfico más internacional y más traducido del idioma español ; y quizás también el más entrañable : Joaquín Salvador Lavado, Quino ». Álex Grijelmo, El País,

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